Les équipes, ici à Roanne, se mobilisent pour donner un nouveau souffle à leur structure. © A.M.
n nouvel horizon se dessine pour Pléiades. Menacée par une procédure de liquidation judiciaire, l’association va être transformée en coopérative grâce à la mobilisation de salariés et de financeurs, convaincus par la pertinence d’un projet de reprise.
Ils n’ont pas les mêmes parcours, ni la même ancienneté. Certains ont parfois connu Lien en Roannais, l’Adafad de Saint-Étienne ou l’Office de Garde de Firminy, qui avaient fusionné pour créer en 2017 Pléiades. Mais tous partagent la même croyance en l’avenir de leur structure.
87 employés ont décidé de s’investir en transformant leur association en Scop. Une société coopérative où ils seront à la fois salariés et associés. La perspective vient d’être validée, le 11 juillet, par le tribunal judiciaire de Saint-Étienne où ils avaient déposé un dossier, dans le cadre de la procédure de liquidation judiciaire prononcée avec continuité d’activité. Un basculement qui sera effectif au plus tôt le 1 er septembre, au plus tard le 1 er octobre prochain.
« J’y crois vraiment »
« J’espère que ça va fonctionner et j’y crois vraiment ». Carole Ballandras, 22 ans d’activité ici, n’a pas hésité. « Ça a coulé de source », confie cette responsable de secteur qui a vu, au fil des années, la structure changer, les fusions se succéder. « Oui, on est passé par des moments pas simples, mais je m’y sens bien », raconte la professionnelle, louant « une bonne entente ». « Et puis, j’aime mon travail, aider les gens à rester chez eux. C’est un secteur où les besoins sont croissants ».
" Nous aurions pu être rachetés, perdre nos avantages… Là, avec cette Scop, on participera aux décisions et on pourra faire entendre nos voix"
SOPHIE SURGET
Une vision partagée par Sophie Surget, qui intervient au domicile des clients depuis deux ans. « Nous aurions pu être rachetés, perdre nos avantages… Là, avec cette Scop, on participera aux décisions et on pourra faire entendre nos voix », observe celle qui va intégrer également le conseil d’administration, persuadée de la réussite de cette initiative collective. Une façon de faire remonter aussi du terrain les informations, nourrie par cette proximité parfois quotidienne avec les usagers.Les équipes apportent beaucoup d'attention aux usagers chez qui elles interviennent.
« Tout le monde a joué le jeu », ajoute de son côté Virginie Sion, assistante de secteur, qui a choisi de s’investir pour sauver la structure et son emploi, ravie aujourd’hui de voir cette parenthèse de stress se refermer. « Ça aurait vraiment été dommage que cela disparaisse. Et puis là, on est aux manettes ». Un engagement loin d’être seulement moral…
Pour transformer cette association en société coopérative et participative, chacun des salariés souhaitant devenir associé a dû contribuer en investissant un mois de salaire net a minima au capital de la future société. « On a pris le temps de la réflexion, ce n’est pas forcément simple de mobiliser une telle somme, mais notre attachement à notre structure est plus fort », justifie l’une des salariées.
300 emplois conservés
Elles ne sont pas les seules à croire en ce rebond puisque l’équipe, accompagnée par l’Union régionale des Scop, a mobilisé au total plus de 1,35 million d’euros, fédérant de nombreux partenaires financiers. Des soutiens et une dynamique collective qui ont pesé dans la balance, à l’heure de la décision du tribunal judiciaire. Tout comme les axes de développement prévus pour consolider le cœur de métier de l’association et développer de nouvelles activités. Une démarche qui a permis de conserver les 300 emplois actuels (à l’exception de trois postes administratifs) qui pourront poursuivre leurs missions auprès de quelque 3.000 usagers. « Pour eux, cette évolution sera totalement transparente », rassure la direction.
Aurélie Marchadier
320
Les salariés employés par Pléaides, dont 180 en Roannais, qui représente 65 % de l’activité globale. 80 salariés œuvrent à Saint-Étienne-Vallée du Gier et autant sur le secteur de Firminy. Le siège est à Feurs où l’activité est émergente
3.000
Les clients faisant appel aux services de la structure
240.000
Les heures de prestations effectuées en 2022, contre 320.000 en 2019
La structure recrute 40 salariés en équivalent temps plein
C’est un visage volontairement positif qu’affiche aujourd’hui Pléiades. Persuadés des savoir-faire de ses équipes investies, les responsables égrènent les pistes de développement. Et elles sont nombreuses.
Marianne Heurtier, directrice opérationnelle et Christophe Damiron, directeur général.
Les dernières années ont été délicates. Les raisons : une tarification qui ne permettait pas de couvrir les coûts de revient, un plan de continuité grevé par une lourde dette de 3 millions d’euros, des difficultés de recrutement freinant tout développement… « On a vécu des moments difficiles », concèdent, sans œillère, Christophe Damiron, directeur général et Marianne Heurtier, directrice opérationnelle, confirmés aux responsabilités dans la future Scop par leurs collègues.
Depuis deux ans, ils ont réfléchi à « comment sortir par le haut » de cette situation, en étant eux-mêmes « acteurs de [leurs] choix. On a vu de suite que nos salariés étaient attachés à leur métier, aux valeurs et aux personnes qu’ils accompagnent. Ils ont conscience qu’ils ont un rôle social à jouer ». Le modèle coopératif s’est vite imposé.
« Cette Scop, ça a été une évidence, dans l’idée de permettre à chacun de pouvoir devenir acteur, entrepreneur et investisseur de la société, dans une démarche plaçant l’homme, les salariés comme les usagers, au cœur du projet. On ne peut pas être bien traitant avec les personnes accompagnées sans être bienveillant avec les équipes », résument les responsables.
Conciergerie et viager solidaire
Premier élément pour repartir d’un bon pied, essentiel, le tarif de l’heure a pu passer de 23,80 € à un peu plus de 30 € grâce à un effort du Département. En interne aussi, une réorganisation a été lancée pour réaliser des économies de charges.
Parallèlement, Pléiades Scop compte développer et enrichir ses activités. Côté services proposés, Pléiades entend devenir un pionnier en créant un service autonomie à domicile Loire-Nord. Elle va accentuer le portage de repas (100 par jour aujourd’hui, soit + 70 % en un an et demi), la téléassistance ou les transports accompagnés… « Nous allons également développer un service de conciergerie qui proposera aux usagers des services de bricolage ou d’espaces verts en partenariat avec des entreprises locales. Avec la SCIC Les 3 colonnes, qui déploie une offre de viager solidaire, la Scop veut aussi promouvoir et développer le concept innovant d’« Ehpad à domicile », encore peu connu dans la Loire
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Pour toutes ces actions, elle recherche 40 salariés en équivalent temps plein (dont 25 en Roannais). L’emploi : le nerf de la guerre et sans doute l’un des défis majeurs à relever. L’an passé, la structure aurait pu engranger 6.000 heures supplémentaires si elle avait eu les forces vives sur le terrain.
Pour accentuer son attractivité, Pléiades multiplie les pistes : des horaires adaptés, des véhicules à disposition… Et rappelle aussi les hausses récentes de salaires dans ces professions. « La rémunération n’est plus, aujourd’hui, un frein déterminant grâce aux récentes revalorisations salariales comme la hausse de 25 % de salaires en deux ans ». Le challenge : attirer aussi des profils qui font aujourd’hui de l’équilibre entre vies privée et professionnelle une priorité : « Il faut réinventer nos organisations de travail, tout en garantissant la qualité des prestations qui font notre réputation ».
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